Lettre BIPEL – Novembre 2023 – En direct
« La Pologne, je n’y aurais pas spontanément pensé…
C’est à la suite d’une proposition d’un ami frère dominicain, qui a fait organiser par BIPEL ce pèlerinage avec un petit groupe de vingt personnes, que nous nous sommes décidés, mon mari et moi, à partir en Pologne.
J’étais déjà partie en Terre Sainte, à Rome et en Jordanie avec eux. Nous étions en confiance, mais pas spontanément motivés par la destination.
Depuis trois jours, nous découvrons un pays avec une vitalité extraordinaire. Rien de ce que l’on pouvait imaginer d’un « ex-pays de l’est », qui nous semblait tout juste sorti du bloc communiste, et maintenant entré aux frontières de la guerre en Ukraine. Donc gris, triste et dangereux.
Après une journée dans la superbe ville de Cracovie, magnifiquement rénovée, très animée et riche d’une vie culturelle intense, nous avons découvert hier le Sanctuaire de Jasna Góra (Chęstochowa) et son icône miraculeuse de la Vierge noire. Un joyau vénéré et magnifié.
Cette forteresse du XIIIe siècle vit jour et nuit, quel que soit le temps, au rythme des prières des Polonais et des pèlerins. Un dédale de lieux de prière avec, pour centre, l’église de la magnifique icône. Sous le regard bienveillant de Jean Paul II, quasi-icône lui aussi du lieu, miraculée si ce n’est miraculeuse. Entre remparts à la Vauban, église baroque, reliques de toutes sortes et mémoire de Solidarność, chacun peut y trouver le temps de prier et d’apprendre en déambulant librement, jusque dans la magnifique prairie où ont lieu les grands offices. Une découverte étonnante !

Mais la Pologne, c’est aussi la visite d’Auschwitz. Après la joie du pèlerinage amical et priant, la douleur et la mémoire de l’inhumanité. La visite du camp et de celui de Birkenau est un choc qui fait réfléchir. Et cette foi sereine d’hier, comment l’avoir aujourd’hui, même quand le ciel bleu illumine le lieu, ce qui est le cas en cette fin octobre ?
Pour trouver un semblant de réponse, c’est bien de faire ce chemin sinueux accompagné, que ce soit par notre ami dominicain ou par notre guide francophone érudite.
Nous allons poursuivre notre pèlerinage par la montagne, ses paysages de forêts, ses villages de bois et ses petits sanctuaires.
Quelle diversité nous aurons découverte, à deux heures d’avion de la France !
Quant à la guerre, elle n’est visible nulle part ici. Pas de fusil ni de bruits de bottes. Sans doute que la mémoire de ce qui a été vécu ici sert de leçon… »
Sophie DELAY, pèlerine